1. Personnaliser fortune

    Fortune est une application de divertissement traditionnellement présente sous Unix et Linux. Comme un mot porte-bonheur dans un biscuit, fortune charge au hasard d’une collection une citation. Pour les sytèmes embarquants par défaut l’application, elle est exécutée à la connexion de l’utilisateur. Mais on pourrait vouloir établir sa propre collection de citation pour égayer, enrichir, réfléchir. Imaginer que vous entriez votre propre Manuel d’Épictète, des paroles des Évangiles ou des citations marxistes.

    Comment faire ?

    Ouvrez votre éditeur de texte préféré. Écrivez et copiez/collez vos citations ou passages préférés. Délimitez chaque passage ou citation par le caractère %. Enregistrez votre fichier sous le nom que vous souhaitez, sans extension.

    $ strfile -c % trotsky trotsky.dat

    Les fichiers devront rester quoiqu’il en soit dans le même répertoire. Le second fichier est un index invoqué par fortune pour une sélection aléatoire rapide. L’index lui donne ensuite la section précise à charger et afficher depuis le fichier de collection. A chaque modification du fichier original il faut reconstruire le fichier .dat.

    Vous pouvez tester immédiatement la collection en lançant fortune suivi du nom de fichier :

    $ fortune trotsky

    Pour la charger automatiquement par l’application quand elle est lancée par défaut, on copie dans le répertoire dédié.

    # cp trotsky* /usr/share/games/fortunes/

  2. Retour réussi

    Mardi, dix-sept heure trois quart, quai du RER A, Gare de Lyon, Paris 12e.

    Un quidam arrivant à ce moment ne verrait pas de différence avec un autre jour, à la même heure. L’écran d’affichage indique le prochain train pour Marne-la-Vallée dans 2 ou 3 minutes. Il alterne avec un train vers Boissy-Saint-Léger ; puis à nouveau Marne-la-Vallée ou Torcy. Mais ce dernier est déjà à un quart d’heure. Tout est normal sur ce quai, sauf cet affichage. Un bandeau d’information prioritaire défile en bas annonçant un bagage abandonnée à La Défense et provocant des ralentissement sur le l’ensemble de la ligne. Un problème, un quai pas plus fréquenté qu’à l’ordinaire, un train dans 3 minutes, avant le prochain avec une attente inhabituelle d’un quart d’heure. C’est le moment de ne pas rater la montée pour rentrer.

    Comme toujours - et Gare de Lyon oblige - masse de gens sortent à ce moment des rames qui semblaient de l’extérieur être saturées. Les paliers se libèrent, les couloirs, des places assises éparpillées mais régulières. Les personnes s’engoufrant à la suite de la descente ont encore le choix de leur confort de trajet. Tout semble normal. Mais ici et là, un homme, une femme, échange un regard, semble s’interpeller de la tête pour regarder un écran d’information positionné plus loin. Est-ce pour confirmer le prochain arrêt ? Pour dire qu’ils sont dans la bonne direction ? Non. Ils notent une contradiction d’information entre les panneaus d’affichages sur le quai et les informations à l’intérieur du train, pas seulement sur les écrans, mais aussi sur les plans schématiques au dessus des portes dont les LEDs allumées tracent la branche de Boissy-Saint-Léger. Mais dans une incertitude, finalement un choix de croyance, de légitimité, ces personnes restent ancrées, dirigées parce ce qu’elles ont vu sur les quais.

    Ce n’est qu’à Nation, tandis que des personnes rentrent déjà, que le conducteur prend la parole pour annoncer que contrairement à ce qu’indique l’affichage sur le quai "ce train a pour terminus Boissy-Saint-Léger". La croyance est retournée. Les gens se lèvent en masse ; quelques personnes restent ; une minorité sur le quai rentre.

    Le quai est devenu très dense aux abords du train. Et ces gens attendent spécifiquement un train pour Marne-la-Vallée/Torcy. Qu’il est désagréable de se dire qu’ils devront attendre ; que ce quai va continuer à se remplir ; que le prochain train, du fait du ralentissement, sera encore plus dense… Le quai est tellement dense que le conducteur avertis au départ du train pour inviter les gens à s’éloigner. Il démarre ; lentement comme c’est d’usage dans ce genre de situation.

    Arrivée à Vincennes, les rames se vident encore davantage. Quelques personnes restent, ayant bien noté précédemment qu’il s’agissait d’un train pour Boissy-Saint-Léger. Les autres sortent mais sans ce mouvement en file qui conduit aux escaliers et autres issus. Elles semblent tourner momentanément en rond. Soudain la voix du conducteur se fait entendre et indique qu’un point d’éclaircissement doit être fait sur son terminus. Les gens se regroupent devant les portes des rames, attentifs et attentistes à la prochaine annonce. 2 minutes. Le conducteur reprend la parole et indique le changement de destination du train qui ira finalement bien - tel qu’indiqué sur l’affichage en gare - au terminus de Marne-la-Vallée. Les groupes aux portes du train s’infiltrent alors dans les rames très rapidement. Dedans les usager.e.s qui étaient resté.e.s réalisent tout juste le changement de terminus. La sortie a contre-flot est laborieuse.

    Les rames ne sont finalement pas plus pleine qu’à l’entrée dans la gare de Vincennes. La suite du voyage s’annonçait confortable pour ces persistant.e.s. Dire que pendant ce temps là, des centaines de personnes se collaient sur le quai à Nation, saturaient les rames des trains suivant qu’iles et elles devaient attendre plus longtemps que d’habitude en cette heure de pointe. Tous ces gens qui ont eu le tort de s’adapter à un changement, pour rentrer chez eux.

    Je peux vous raconter tout ça parce que j’y étais. Tous les détails sont vrais. Maintenant vous vous demandez pourquoi je n’ai pas suivis les autres lors de la première annonce ? Parce que j’ai fais le parie que je pourrais vous raconter cette histoire là !


  3. Instant Crush

    Ça trainait encore derrière la penderie, un grand vaisseau spatiale assemblé de brique. Grand, il l’était dans l’imagination. Les grands vaisseaux spatiales LEGO étaient plus imposant. On peut y placer des bonhommes au cockpit. Pas sur celui dont nous parlons. Pas de cockpit. Pas visible en tout cas. Ce vaisseau il fait quelques briques de hauteur, le double en largeur, et moyennant l’absence de ses ailes et d’une structure en excroissance géométrique complexe, on aurait pu la prendre pour une brique, une petite brique tenable à la main. Ce vaisseau s’appelait "l’airbus" - sans aucun rapport avec le constructeur aéronautique. Le vaisseau est spatial. D’ailleurs, ce n’est pas son propriétaire - Laury - qui lui a donné ce nom ; mais son meilleur ami d’enfance José. L’un et l’autre avaient un goût pour l’espace et la science fiction. Laury avait gardé son airbus toutes ces années, inspiré par les multitudes d’histoires qui lui venait à propos de ce vaisseau. Le vaisseau qui ne vieillit pas, qui voyage et traverse l’univers et ses époques comme au premier jours, entièrement autosuffisant, avec méthode de recyclage parfait. Il verrait l’espèce consciente l’exploitant se conforter aux derniers instants de vie de l’univers et au delà. L’univers infernal des premiers instants plongé dans la bouillis d’atome primordiaux ; devenu momentanément plus colorée, de forme et de lumière, de phénomènes complexes, au point que la vie éclaire au dedans et comprendre sa place ; cette vie qui savait qui elle était, de quel univers, et par pulsion, aller à la compréhension des mécaniques de l’énergie et de l’atome de se donner les moyens technologiques de survivre à la stérilisation programmée de l’espace-temps. D’un univers inconscient qui s’est transcendé et fait émergé de lui-même une conscience intelligente et maline qui a su rester même après sa mort thermique.

    Mais Laury et José ne s’était jamais contenté de cet univers, d’un seul univers. Ils voyageaient dans des tas de monde. Cet Airbus derrière la penderie n’était pas le premier de Laury. Le premier airbus avait été fait chez José. C’est au cours de ce jeu que José baptisa lui-même e vaisseau de Laury. Mais dans les jeux chez José on traversait l’espace-temps et les dimensions. On ne parlait pas encore de multivers - du moins cette appellation n’était pas populaire. Le vaisseau lui-même pouvait "sortir" des univers et constituer à lui seul une dimension complète, autosuffisante, quoique petite. C’était une sorte d’espace de cocooning interdimensionnel. Un refuge coupé des mondes, de leurs difficultés, de leurs influences, mais au delà - par delà même leurs existences ou non-existences.

    Ces mélanges et voyages justifiaient l’utilisation de toutes les familles de LEGO : les pirates, le western, la ville moderne et que-sais-je.

    Avant ces jeux dans la chambre, c’était dans la cours de récréation que José et Laury voyageaient dans l’espace (mais peut-être pas le temps). Ils s’imaginaient déjà passant d’un monde à l’autre en chevauchant une étoile, comme le faisait Kirby, la petite boule rose gloutonne de Masahiro Sakurai, dans son jeu sur NES, la première console salon de Nintendo. Laury et José tenait ces étoiles comme des motos ; parce que c’était l’interprétation que Laury avait fait du sprite du Kirby sur l’étoile ; interprétation qui a été infirmé par tous les jeux suivants, esthétiquement plus fins et détaillés, jusqu’à la représentation 3D grâce aux progrès technologiques.

    Ça avait été leur premier jeu ; avant cela ils n’avaient pas de relation. C’est José qui était aller chercher Laury dans cette même cours de récréé, à l’âge de 7 ans. Il l’arracha sans le savoir a une rêverie de son camarade de classe qui était obsédé - ou amoureux - par une fille d’un an plus vieille, au cheveux très noir et à la peau très blanche. Il avait voulu qu’elle le voit, le remarque et deviennent amis. C’était arrivée ! Elle tournait en rond, discutait avec une copine et elles l’ont vu les suivre. Laury était fasciné par elle comme il était fasciné par Maria, ce personnage de la série Jetman ; elle avait la peau blanche et les cheveux très noirs. Il apprendra adulte que c’était aussi la description physique d’une puéricultrice de la crèche hospitalière avec qui - parait-il - il était particulièrement lié ; au point de continuer à aller la voir même après avoir changé de section.

    Avec José les activités ne se sont pas limiter aux LEGO et à la récréé. Bien que les étagères de la penderie présente simplement les piles de vêtement propre à l’usage quotidien, la dernière - tout juste accessible - même pour un grand garçon d’un mètre quatre-vingt accueille les restes d’équipements sportifs ; short et maillot à l’éfigie de la ville, une atèle ayant servis à une cheville blessé à la même époque. Des médailles aux valeurs uniquement symboliques. C’était du handball, exercé au sein du club jeunesse de la municipalité, fondé par le cousin par alliance de Laury. Pour une fois Laury a embringué José dans l’affaire. Sans doute aidé de ses parents. Le projet avait embarqué déjà ses deux plus jeunes cousines. La famille était derrière. Sauf ses deux plus jeunes soeurs, d’avantages intéressées par la danse.

    D’ailleurs à 10 ans, l’âge où cette activité débuta pour José et Laury, on ne parle pas de handball, mais de "mini-handball". Une géométrie de terrain plus restreinte, la longueur était calqué sur la largeur d’un terrain de vrai handball ; des cages plus petites, tout comme les joueurs et joueuses, en équipe mixte.

    Pas de compétition à l’époque ; mais une journée spéciale au Parc des Princes ; une médaille symbolique toujours présente dans ce haut de penderie ; et un diplôme de mini-handballeur qu’il faut lui, aller chercher, en dehors, sur le mur à droite de la porte coulissante de la penderie incrustée. Le papier, en carton flexible, punaisé à mi-hauteur, juste au dessus du bureau. Un bureau plutôt imposant ; pas une simple planche sur quatre pieds agrémenté ici et là d’un tiroir ; mais un vrai bureau avec étagères à gauche et à droite, sur les côtés, un placard, une planche mobile pour clavier sous la planche principal. Il y avait un emplacement pour une tour. Mais Laury n’avait pas de PC en forme de tour. Il avait un iDeq 200A. Un PC moitié moins haut qu’une tour à l’aspect plutôt carré vu de face, positionné tout à gauche du bureau ; et à l’opposé tout à droite l’écran de 15 pouces. On appelait communément ce modèle un "barebone". Ce type de modèle avait eu la faveur de Laury qui appréciait ce minimalisme de taille, de connectivité réduite qui permettent de s’alléger du superflus. Il y quelques minutes, José avait déjà fait part de son étonnement de sa curiosité de par l’aspect réduit de cet ordinateur.

    Matériel vieillissant. Un Intel Celeron issue de la génération des Pentium IV. Plusieurs Ghz de puissance de calcul mais limité à 32 bits. Une carte graphique Ati Radeon elle aussi vieillissante ; un disque dur mécanique SATA de première génération de 160 Go ; 728 Mo de RAM ; même pas le Go pourtant présent en standard sur les PC portables ; un lecteur graveur DVD-/+RW ; et même un emplacement pour lecteur de disquette ! enfin une connexion wifi assurée grâce à une clé USB longue comme un doigt. Laury n’avait même pas réussi à faire installer Windows XP à l’époque, car le seul média d’installation en SP1 dont il disposait ne prenait pas en charge la connectique SATA. Il s’était rabattu sur du Linux, et après de nombreux essai sur une distribution Gentoo. Centrée sur la compilation des programmes uniquement sur les fonctionnalités choisis et sur l’optimisation de l’exécutable spécifiquement pour le processeur présent, Laury avait pu maintenir l’usage de son "barebone" durant de nombreuses années en gardant toujours des performance correcte ; quoiqu’en recourant de plus en plus souvent à des programmes d’aspect plus rustique ; les kits graphiques deviennent de plus en plus beau certes, mais de plus en plus lourd. Beauté ou fonctionnalité, il a tranché. C’est d’ailleurs à travers de ces petits programmes alternatifs que Laury a émis la demande que José s’apprête à accepter. En effet, Laury a découvert un petit protocole d’échange chiffré de bout en bout utilisable en sous-couche de n’importe quel protocole de chat sur internet ; OTR pour Off The Record ("hors d’écoute") ; les messages apparaissent en clair et lisible uniquement sur l’interface du programme qui les reçoit. Partout ailleurs ces messages apparaîtront comme une suite incohérente de caractères aléatoires en nombre plus grand que le message qu’il chiffre. Il se l’est configuré, a orienté José vers une solution clé en main côté Windows, avant d’émettre sa proposition il y a quelques jours en prévision de son passage.

    Sur le bureau, trainant avec négligence, un autocollant de propagande politique issus du NPA : "Nos désirs font désordre" ; un slogan LGBT de liberté à vivre son genre ou son orientation sexuelle librement. Laury militait au NPA depuis quelques temps maintenant. Le Nouveau Parti Anticapitaliste est héritier d’une tradition révolutionnaire qui pouvait remettre en question, outre le patriarcat, l’institution du mariage, le modèle familiale traditionnel ou encore l’amour exclusif. Ca n’avait pas trop de sens pour Laury qui était à 20 ans encore sans expérience. Inversement, il savait que José avait des désirs qui débordaient ; décorrélé du contexte initial, le slogan reste pertinent ; d’autant qu’il y a peu Laury a appris que José militait également dans son pays, au Portugal, dans le Bloc de Gauche ; une organisation politique large, contenant une minorité issus de cette même tradition du NPA ; ironiquement, décorrélé de son contexte initial, le slogan pouvait tout aussi bien s’appliquer à José qui multipliait les aventures tout en ayant déjà une copine. Etait-ce convenue ? Etait-elle au courant ? D’accord ? Laury n’a jamais compris. Mais ce partage idéologique - du moins partiels - l’avait rassuré dans la possibilité de poser sa question.

    Dessous, sur les étagères de gauche […]

    A droite, à l’emplacement prévu pour une tour PC, étaient rangés à la place des classeurs, des cahiers. […]

    Puis il y avait ce cahier de couleur dominante verte. Toute la couverture était en fait une photo d’un paysage luxuriant de verdure, envahit de feuillage, jusque dans l’eau qui reflétait les feuillages présents partout, le ciel à peine suggéré par des rayons de soleils traversant les branches. A l’intérieur, sur des pages A4 "grands carreaux" comme on dit, des pages manuscrites, quelques collages, des entrées par date ; le premier journal intime de Laury ; tenu peu de temps après le déménagement de José au Portugal ; Laury y raconte la solitude qui se fait dans sa vie d’adolescent, les moqueries de ses camarades, ses potes qui s’éloignent, la dépression. Aligné sur chaque entrée de date, une symbolique particulière, pas systématique, parfois répétée, se lit : un croissant de lune ; signe que l’entrée journalière contient le récit d’un ou plusieurs rêves fonction du nombre de lune. Ces rêves sont des récits qui viennent embellir les pages d’un journal bien triste. Les fantaisies de la nuit colories la grisâtre des jours. Pourtant un sorte de rêve revient à mesure que l’on parcours les pages ; et sa présence fini par dépasser le simple récit d’anecdote, mais pose des vrais question à Laury à l’état diurne.

    A droite de cet emplacement, se trouve un petit placard. A l’intérieur, il y a une structure plastique pour ranger des disques sur toute la verticalité. Ce placard reste cependant vide ; les gonds de l’ouverture ne permettent pas un angle suffisant pour glisser une boite de CD ; la porte fait elle même obstacle par son épaisseur.

    C’est à la suite de ce bureau que l’on découvre le "coin nuit", avec un plafond mansardé au dessus du lit qui descend jusqu’à quelques trente centimètres en haut de la table de nuit. Cette table de nuit n’était pas à gauche ni à droite du lit. Elle était construite sur mesure le long de la tête de lit. Elle était d’allure bois, une teinte de nuance plutôt chaude. Un réveil avec un cadran d’affichage de l’heure ; en complément et plutôt inhabituelle, un projeteur d’heure au plafond. Laury l’activait souvent car il trouvait son usage plus respectueux des yeux à la lecture de l’heure. Le rouge du cadran était un peu trop laser dans la nuit. Et même si le projeteur devait également sonner un peu laser de face, lire la projection était moins agressif. Il y avait une lampe de chevet rivé au plafond descendant vers la tête de lit. Laury n’avait jamais su comment le placer adéquatement pour avoir une bonne luminosité de lecture, sans se faire éclairer la gueule directement, ou sans avoir l’air d’illuminer la pièce, lueur qui serait visible par les interstices de la porte. C’est pourquoi il avait gardé, à proximité, un petit boîtier noir, rectangulaire, sur la face supérieur, un moulage arrondis pour imiter un bouton. Appuyer dessus exerçait bien une pression sur un bouton directement au contact au dessous. Bouton soudé à une plaque électronique, fermant le circuit électrique permettant alors l’alimentation de la diode visible de l’extérieur, passant par un trou manuellement percé, par une petite pile situé en aval de la plaque dans le boîtier. On l’avait appelé "porte clé lumineux" bien qu’on ne l’ai jamais attaché à un anneau de porte clé. C’était une invention artisanale qu’ils avaient fait en 5e. Laury et José étaient constitués en binôme lors de ces travaux pratiques.

    Cependant ils n’avaient travailler qu’à deux. Laury avait encore le souvenir du fer à souder flottant à quelques millimètres de sa main, tenu par Sophia, une camarade de classe, qui était elle en binôme avec Mickael, un bon pote. Laury était amoureux de Sophia. Évidemment elle n’en savait rien. José non plus ; c’était son secret. Il l’apprendra des semaines plus tard en interrogeant Laury sur le retour du collège. Insistant en plus. Laury lui avoua. "Nooon, tu rigoles !? Sophia ? Je pensais que tu aurais été amoureux de moi." Mais en classe, à ce moment là, il était tendu. Il avait chaud. Dans une série, un dessin animé ou un sketch, on aurait affublé le visage de Laury d’une grosse goutte de sueur. C’était pas seulement Sophia. Non, il était tendu et avait chaud parce que tandis qu’elle tenait ce fameux fer à souder, son regard était captée par quelque chose à l’opposée. La plaque électronique ou Laury absent de son champs de vision. Devait-il retirer ses mains ? L’a rappeler à son attention ? Un geste mal maîtrisé et c’est la brûlure ! Heureusement il ne se passa rien. Il attendit. Elle revint au sujet de la soudure et termina les 4 points fixateurs du bouton sur la plaque. Cette même matinée, dans ce même cours de technologie, alors qu’ils étaient elle et lui sur la table partagée par leurs binômes, qu’elle lui demanda spontanément "C’est vrai que toi et José vous sortez ensemble ?" Mais pourquoi tout le monde le voyait en kiff sur José ?

    C’était la première fois depuis des années qu’ils se retrouvaient dans une pièce seuls. José était passé 2 ou 3 fois en France depuis son déménagement au Portugal. Mais ces passages furent éclairs, toujours millimétrés sur les visites et sorties, à discuter avec tout le monde, et toujours fourrés avec son petit frère. Le dernier moment seuls passé avant son déménagement n’avait pas été non plus été le tout dernier moment avant son déménagement. Il y avait eu une grande journée, une fête de départ, avec une sortie au parc. Avant ce jour José et Laury avait passé une après midi ensemble chez le premier. Il n’y avait jamais eu de réciproque après la confidence sur Sophia. José eu pourtant ces quelques mots ce jour là : "Je ne suis pas homo ; mais tu es la personne de la classe que j’aime le plus ; si j’avais dû sortir avec quelqu’un ça aurait été avec toi." dit-il en riant. Devant cette énième évocation de leur éventuel et virtuel couple, Laury hésita à suggérer de se tester ensemble par une embrassade, un baiser. Ça n’aurait aucune conséquence ; il n’y avait pas de perspective, pas d’impact sur leur relation. Et le maudit petit frère n’était pas là ! Une chose trop rare ! Mais Laury se tue.

    Il y a quelques minutes, Xavier était encore là. José s’était installé à son aise sur le lit. Ils avaient discuté tous ensemble une bonne demi-heure. Puis il lui a plus ou moins suggéré d’aller faire autre chose, pour que lui et Laury soient seuls dans cette chambre. Il savait qu’ils n’auraient pas vraiment d’occasion supplémentaire. Et ce temps était court. Maintenant ils s’embrassaient.

    Les baisers étaient longs. José avait répondu dans l’échange chiffré qu’il n’était pas sûr ; il avait déjà embrassé un garçon, sans ressentir de plaisir. Il avait laissé en suspend son approbation pour cette expérience depuis. Il a levé la suspension sans mot, juste en prenant l’initiative après avoir proposé à Laury de le rejoindre sur le lit. Il lui caressa le visage comme un coup de semonce puis l’embrassa. Ils s’enlacèrent. Passé les premiers instants de tatônnement, Laury pris le pli de la technique José et gagna en aisance. Il sentit son pénis prendre du volume. Il le prit pour un signe d’apprentissage réussis. Mais il se demandait si José, passé au dessus de lui entre temps, sentait cette partie là ; si il avait la même chose ; et si il le sentait, est-ce qu’inversement lui le pourrait ? La mère de Laury les appela du rez-de-chaussé pour l’apéro. José se retira sans expression, tandis que ces nouvelles questions restèrent dans la tête de Laury.


  4. Autoportrait en 1500 signes

    Avant tout, je précise que je suis sans aucune expérience amoureuse et sexuelle. À quelle âge j’ai eu mon premier baiser ? Ce n’est pas encore arrivé.

    J’aime les jeux vidéos, j’en ai plein. Mais pour des raisons d’éthique écologique j’ai décidé de ne plus acheter de console. Je dispose d’une Switch et d’une PS4 et je ne prendrai pas les suivantes. Quant aux jeux, je termine de remplir les deux étagères dédiées. J’en ai pour des années à les finir de toute façon.

    Je suis un geek informatique. Oui, j’ai ce travers de vouloir faire fonctionner les choses d’une certaine façon plutôt que d’utiliser une solution prête à l’emploi. Je n’aime pas Microsoft, ni Apple, ni les réseaux sociaux. J’utilise du Linux ou du BSD.

    N’empêche que je sais aussi parler d’actualité et de société ou de politique. J’ai un avis et des convictions. Mais je n’apprécie pas le traitement médiatique de l’actualité, trop sensationnaliste, put@clique, dans la polémique ou le buzz.

    Je sais aussi lire (si si !) je suis d’ailleurs l’une des rares personnes à avoir lu de la première page au dernier volume "la recherche du temps perdu" de Proust. Et je sais également écrire. J’aimerai bien écrire et publié un roman d’ailleurs.

    J’ai aussi quelques capacités culinaires. C’est pas une passion ; je n’invente pas non plus (je m’appuie sur des recettes sans les improviser). Je resterai humble sur ce point, mais j’ai laissé de bonnes impressions à des ami.e.s invité.e.s à dîner ou des gâteaux ramené aux collègues.


  5. Dans le bus

    Fin de journée. J’arrive sur le quai du RER A. Mon train est là dans 2 minutes et j’apprécie que peu de monde se trouve sur le quai à attendre. J’ai juste le temps de me positionner à ma porte fétiche. Je monte dedans et profite d’un choix de places assises. J’en saisi une au milieu, dans le sens de la marche. Le train repart.

    Arrivé à Nation. Ma voisine sort et j’en profite pour gagner le siège côté fenêtre. Le conducteur nous annonce une retenue du train à quai pour une durée indéterminée. Mon voisin de face éructe "c’est pas vrai!" Je sens déjà sa colère. Il y a un malaise voyageur dans un train à la gare suivante de Vincenne. Sa réaction me faisait penser à quelqu’un qui en aurait gros contre la RATP. Mais un malaise voyageur ne relève pas d’un manque de moyen, de compétence, ou de paresse de la compagnie. Là bas, devant, quelqu’un est peut être en danger de mort, ne respirant plus, faisant une crise cardiaque ou un AVC. Une personne à plaindre. Nous finirons notre journée confortablement chez nous. Pas elle.

    Quelques minutes après nouvelle annonce. Le train ne prend plus de voyageur. Décision surprenante comtpe tenu de la raison de la retenue. Pourquoi décharger tout le monde ? Une fois la personne prise en charge par les secours et évacuée, les trains ne vont-ils pas repartir ? Moment de flottement, les gens sont abasourdis et peu prennent la mesure de ce qu’on leur demande et restent assis, incrédules. BLoqué dans le carré, je suis à la merci de l’inertie de mes voisins et voisines, notamment celui d’en face lâche un nouveau "c’est pas vrai !" un peu véner. J’imagine ses pensées qui se demandent quelle genre de glanderie de la RATP se cachent derrière les perturbations de son trajet. Ce n’est que quand les lumières s’éteignent que les gens saisissent enfin l’enjeu. Et je ne suis même pas encore sorti de la rame !

    Les gens rejoignent le quai, tournés face au train, comme si ils s’attendaient à ce que le prochain les prennent. Mais moi je file droit vers les escaliers. Si ilS nous font descendre, ce n’est pas pour qu’on rentre dans le suivant ! Le problème doit être suffisamment grave pour qu’ils se disent que pour soutenir une certaine fluidité du trafic depuis le Nord et dans Paris intramuros il faut faire terminus à Nation et renvoyer les trains.

    Je regagne donc mon itinéraire bis par la ligne 9 jusqu’à Montreuil Croix de Chavaux. Du monde attend pour le bus 127. Bus qui est justement annoncé en départ imminent sur le cadran électronique. Et un second à moins de 5 minutes… ils sont là: stationnés à quelques mètres en amont de l’arrêt. Deux conducteurs discutent en s’approchant de la porte du bus en tête. Je m’impatiente (???) et il y a d*. Entre eux et nous un grand type semble disctuter tout seul avec de grands gestes qui trahissent sont esprit un peu décalé. Le bus arrive. J’hésite un instant à entrer de ce premier si le second colle vraiment au cul se serait plus confortable vu que tout le monde se jette sur le premier. M’enfin je reste avec un doute quant à la véracité des infos du cadranet même si j’escompte resté debout et serré on n’en est pas au stade des sardines.

    Assez rapidement je me rends compte que le grand homme que j’avais identitié parlant seul est à un peu plus d’un mètre de moi et qu’il parle effectivement tout seul, entrecoupant son discours de bref rire sonnant d’une tonalité démoniaque, ou sardonique. Il parle de la Palestine, de la guerre. Il parle de français qui ne savent pas ce qu’est la guerre. Mais que la guerre elle arrive ici aussi. "Et vous allez faire quoi ? Vous allez vous cacher derrière Macron ?" Mais qu’est-ce qu’il va faire votre Macron ?" Il rumine son passage, le répète. "Les jeunes de ma cité, ils veulent faire pareil, prendre les armes, tuer, prendre des otages." Rebelottes, la guerre en France. Et Macron que ferait-il ? Personne ne lui répond. Les gens écoutent mais font mine qu’il ne parle pas à eux. Je me dis "Quand Borne et Darmanin parle du risque d’importation du conflit en France, ils prennent au sérieux un marginal déséquilibré comme lui ?" Ils ont cru qu’à l’extrême gauche et à la LFI il n’y a que des gens en décalage de la réalité parlant tout seule à des fantômes ?

    Le type passe à la seconde. Il parle directement d’Israël, de son installation sur la Palestine. "Le peuple sans terre est venue prendre sa terre d’un autre peuple". Certes, difficile de dire mieux. "Les États-Unis et la France, ces enculés les ont fait s’installer là". Et si ils y ont réussis "c’est que nous les musulmans on est accueuillant". Essentialisation des camps, dichotomie bien et mal. La caricature qu’on connait. Orient et Occident ; bien et mal ; et inversement selon le point de vue ou qui parle. Mais la réalité historique et ses événements ne tracent pas deux camps ou concepts éternels, immuables. Ni les USA ni la France ne sont responsables de l’isntallation d’Israël sur la terre Palestinienne… Ce fut l’oeuvre et le désir de l’URSS, devenu Russie et associée aujourd’hui à l’Orient. Les bons et les méchants éternels, ça n’existe pas. Ce n’est que des relations et des intérêts qui définissent une entité bonne ou mauvaise. M’enfin, loin de taire son essentialisme, l’homme s’enfonce pour parler des Juifs "qui ont trahis Jésus Christ, le Prophète" ; " c’est les Juifs qui ont tué Jésus. Judas !" Le voilà suggérant un front unique de religions contre les Juifs qui portent la responsabilité d’une version de récit occidental de la mort sur la croix de Jésus… bon parce que le récit "oriental", c’est à dire musulman, ne dit pas que Jésus est mort sur la croix. Jésus n’a pas ressuscité non plus. Bon et puis faire porter la responsabilité d’un déicide par des ancêtres incertains… surtout quand c’est les Romains qui ont mis à mort Jésus et que les premiers disciples du Christ ont passé plusieurs décennies à continuer de se reconnaître "juifs" avant de s’en distinguer. Et on pourrait se tromper sur Judas. Jésus est venu sanctifier et exemplifier la nouvelle alliance entre Dieu et les humains. Il a affirmé bien avant son arrestation qu’il mourrerait pour racheter les péchés de l’humanité. Juda n’a-t-il pas été son plus grand serviteur en lui faisant réalisé sa destinée, en se sacrifiant lui-même, portant un fardeau d’une nature et d’un point bien différent de la croix du Christ ? Il s’est sacrifié pour son maitre dans la haine de tous ceux qui veulent puiser insipriatin auprès du prétendu fils de Dieu !

    Mais en attendant, dans ce bus, j’étouffe. Le type est de plus en plus bruyant en plus de radoter sur son propros religieux qui habille son antisémitisme. J’ai les symptômes d’une angoisse : palpitation cardiaque, respiration alletante. Quelqu’un presse le bouton d’appel pour le prochain arrêt. Dans ma tête je me résigne à descendre. Je ne peux pas rester à côté de ce type fou qui fantasme sur la guerre en France se débarasser des Juifs et de leurs soutiens !

    Arrêt "Les parapluies". Plein de personnes descendent. Auraient-elles eux la même idée que moi ? Mais c’est lui que je vois se retourner et se diriger vers la porte arrière. Finalement je reste dans le bus. Il est descendu aussi. L’atmosphère devient bien plus respirable. Mes voisins aussi changent d’attitude. Ils échanges quelques mots, pas en Français, que je ne comprends pas. On est sans doute encore loin. Mais je me sens tranquilisé.

    Une contrariété viendra cependant toucher les autres usager.e.s "Prochain arrêt le cimetière de Vincennes ; je prends à droite ici, suivant la déviation à cause des travaux jusqu’au 3 novembre." Là encore les gens ne réagissent pas tout de suite. Il fait un deuxième rappel. Un troisième est quelque part fait lors d’un échange sonore avec un type sorti : "Je suis obligé de prendre la déviation ; y a des travaux ; c’est pas moi qui suis responsable des travaux !" Beaucoup de monde descendent. Bref. Mais il est toujours terminus à Neuilly-sur-Marne. Je n’ai pas de raison de bouger. Et je profile du vide fait pour reprendre une place assise côté fenêtre.


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