1. Retour réussi

    Mardi, dix-sept heure trois quart, quai du RER A, Gare de Lyon, Paris 12e.

    Un quidam arrivant à ce moment ne verrait pas de différence avec un autre jour, à la même heure. L’écran d’affichage indique le prochain train pour Marne-la-Vallée dans 2 ou 3 minutes. Il alterne avec un train vers Boissy-Saint-Léger ; puis à nouveau Marne-la-Vallée ou Torcy. Mais ce dernier est déjà à un quart d’heure. Tout est normal sur ce quai, sauf cet affichage. Un bandeau d’information prioritaire défile en bas annonçant un bagage abandonnée à La Défense et provocant des ralentissement sur le l’ensemble de la ligne. Un problème, un quai pas plus fréquenté qu’à l’ordinaire, un train dans 3 minutes, avant le prochain avec une attente inhabituelle d’un quart d’heure. C’est le moment de ne pas rater la montée pour rentrer.

    Comme toujours - et Gare de Lyon oblige - masse de gens sortent à ce moment des rames qui semblaient de l’extérieur être saturées. Les paliers se libèrent, les couloirs, des places assises éparpillées mais régulières. Les personnes s’engoufrant à la suite de la descente ont encore le choix de leur confort de trajet. Tout semble normal. Mais ici et là, un homme, une femme, échange un regard, semble s’interpeller de la tête pour regarder un écran d’information positionné plus loin. Est-ce pour confirmer le prochain arrêt ? Pour dire qu’ils sont dans la bonne direction ? Non. Ils notent une contradiction d’information entre les panneaus d’affichages sur le quai et les informations à l’intérieur du train, pas seulement sur les écrans, mais aussi sur les plans schématiques au dessus des portes dont les LEDs allumées tracent la branche de Boissy-Saint-Léger. Mais dans une incertitude, finalement un choix de croyance, de légitimité, ces personnes restent ancrées, dirigées parce ce qu’elles ont vu sur les quais.

    Ce n’est qu’à Nation, tandis que des personnes rentrent déjà, que le conducteur prend la parole pour annoncer que contrairement à ce qu’indique l’affichage sur le quai "ce train a pour terminus Boissy-Saint-Léger". La croyance est retournée. Les gens se lèvent en masse ; quelques personnes restent ; une minorité sur le quai rentre.

    Le quai est devenu très dense aux abords du train. Et ces gens attendent spécifiquement un train pour Marne-la-Vallée/Torcy. Qu’il est désagréable de se dire qu’ils devront attendre ; que ce quai va continuer à se remplir ; que le prochain train, du fait du ralentissement, sera encore plus dense… Le quai est tellement dense que le conducteur avertis au départ du train pour inviter les gens à s’éloigner. Il démarre ; lentement comme c’est d’usage dans ce genre de situation.

    Arrivée à Vincennes, les rames se vident encore davantage. Quelques personnes restent, ayant bien noté précédemment qu’il s’agissait d’un train pour Boissy-Saint-Léger. Les autres sortent mais sans ce mouvement en file qui conduit aux escaliers et autres issus. Elles semblent tourner momentanément en rond. Soudain la voix du conducteur se fait entendre et indique qu’un point d’éclaircissement doit être fait sur son terminus. Les gens se regroupent devant les portes des rames, attentifs et attentistes à la prochaine annonce. 2 minutes. Le conducteur reprend la parole et indique le changement de destination du train qui ira finalement bien - tel qu’indiqué sur l’affichage en gare - au terminus de Marne-la-Vallée. Les groupes aux portes du train s’infiltrent alors dans les rames très rapidement. Dedans les usager.e.s qui étaient resté.e.s réalisent tout juste le changement de terminus. La sortie a contre-flot est laborieuse.

    Les rames ne sont finalement pas plus pleine qu’à l’entrée dans la gare de Vincennes. La suite du voyage s’annonçait confortable pour ces persistant.e.s. Dire que pendant ce temps là, des centaines de personnes se collaient sur le quai à Nation, saturaient les rames des trains suivant qu’iles et elles devaient attendre plus longtemps que d’habitude en cette heure de pointe. Tous ces gens qui ont eu le tort de s’adapter à un changement, pour rentrer chez eux.

    Je peux vous raconter tout ça parce que j’y étais. Tous les détails sont vrais. Maintenant vous vous demandez pourquoi je n’ai pas suivis les autres lors de la première annonce ? Parce que j’ai fais le parie que je pourrais vous raconter cette histoire là !


  2. Autoportrait en 1500 signes

    Avant tout, je précise que je suis sans aucune expérience amoureuse et sexuelle. À quelle âge j’ai eu mon premier baiser ? Ce n’est pas encore arrivé.

    J’aime les jeux vidéos, j’en ai plein. Mais pour des raisons d’éthique écologique j’ai décidé de ne plus acheter de console. Je dispose d’une Switch et d’une PS4 et je ne prendrai pas les suivantes. Quant aux jeux, je termine de remplir les deux étagères dédiées. J’en ai pour des années à les finir de toute façon.

    Je suis un geek informatique. Oui, j’ai ce travers de vouloir faire fonctionner les choses d’une certaine façon plutôt que d’utiliser une solution prête à l’emploi. Je n’aime pas Microsoft, ni Apple, ni les réseaux sociaux. J’utilise du Linux ou du BSD.

    N’empêche que je sais aussi parler d’actualité et de société ou de politique. J’ai un avis et des convictions. Mais je n’apprécie pas le traitement médiatique de l’actualité, trop sensationnaliste, put@clique, dans la polémique ou le buzz.

    Je sais aussi lire (si si !) je suis d’ailleurs l’une des rares personnes à avoir lu de la première page au dernier volume "la recherche du temps perdu" de Proust. Et je sais également écrire. J’aimerai bien écrire et publié un roman d’ailleurs.

    J’ai aussi quelques capacités culinaires. C’est pas une passion ; je n’invente pas non plus (je m’appuie sur des recettes sans les improviser). Je resterai humble sur ce point, mais j’ai laissé de bonnes impressions à des ami.e.s invité.e.s à dîner ou des gâteaux ramené aux collègues.


  3. Dans le bus

    Fin de journée. J’arrive sur le quai du RER A. Mon train est là dans 2 minutes et j’apprécie que peu de monde se trouve sur le quai à attendre. J’ai juste le temps de me positionner à ma porte fétiche. Je monte dedans et profite d’un choix de places assises. J’en saisi une au milieu, dans le sens de la marche. Le train repart.

    Arrivé à Nation. Ma voisine sort et j’en profite pour gagner le siège côté fenêtre. Le conducteur nous annonce une retenue du train à quai pour une durée indéterminée. Mon voisin de face éructe "c’est pas vrai!" Je sens déjà sa colère. Il y a un malaise voyageur dans un train à la gare suivante de Vincenne. Sa réaction me faisait penser à quelqu’un qui en aurait gros contre la RATP. Mais un malaise voyageur ne relève pas d’un manque de moyen, de compétence, ou de paresse de la compagnie. Là bas, devant, quelqu’un est peut être en danger de mort, ne respirant plus, faisant une crise cardiaque ou un AVC. Une personne à plaindre. Nous finirons notre journée confortablement chez nous. Pas elle.

    Quelques minutes après nouvelle annonce. Le train ne prend plus de voyageur. Décision surprenante comtpe tenu de la raison de la retenue. Pourquoi décharger tout le monde ? Une fois la personne prise en charge par les secours et évacuée, les trains ne vont-ils pas repartir ? Moment de flottement, les gens sont abasourdis et peu prennent la mesure de ce qu’on leur demande et restent assis, incrédules. BLoqué dans le carré, je suis à la merci de l’inertie de mes voisins et voisines, notamment celui d’en face lâche un nouveau "c’est pas vrai !" un peu véner. J’imagine ses pensées qui se demandent quelle genre de glanderie de la RATP se cachent derrière les perturbations de son trajet. Ce n’est que quand les lumières s’éteignent que les gens saisissent enfin l’enjeu. Et je ne suis même pas encore sorti de la rame !

    Les gens rejoignent le quai, tournés face au train, comme si ils s’attendaient à ce que le prochain les prennent. Mais moi je file droit vers les escaliers. Si ilS nous font descendre, ce n’est pas pour qu’on rentre dans le suivant ! Le problème doit être suffisamment grave pour qu’ils se disent que pour soutenir une certaine fluidité du trafic depuis le Nord et dans Paris intramuros il faut faire terminus à Nation et renvoyer les trains.

    Je regagne donc mon itinéraire bis par la ligne 9 jusqu’à Montreuil Croix de Chavaux. Du monde attend pour le bus 127. Bus qui est justement annoncé en départ imminent sur le cadran électronique. Et un second à moins de 5 minutes… ils sont là: stationnés à quelques mètres en amont de l’arrêt. Deux conducteurs discutent en s’approchant de la porte du bus en tête. Je m’impatiente (???) et il y a d*. Entre eux et nous un grand type semble disctuter tout seul avec de grands gestes qui trahissent sont esprit un peu décalé. Le bus arrive. J’hésite un instant à entrer de ce premier si le second colle vraiment au cul se serait plus confortable vu que tout le monde se jette sur le premier. M’enfin je reste avec un doute quant à la véracité des infos du cadranet même si j’escompte resté debout et serré on n’en est pas au stade des sardines.

    Assez rapidement je me rends compte que le grand homme que j’avais identitié parlant seul est à un peu plus d’un mètre de moi et qu’il parle effectivement tout seul, entrecoupant son discours de bref rire sonnant d’une tonalité démoniaque, ou sardonique. Il parle de la Palestine, de la guerre. Il parle de français qui ne savent pas ce qu’est la guerre. Mais que la guerre elle arrive ici aussi. "Et vous allez faire quoi ? Vous allez vous cacher derrière Macron ?" Mais qu’est-ce qu’il va faire votre Macron ?" Il rumine son passage, le répète. "Les jeunes de ma cité, ils veulent faire pareil, prendre les armes, tuer, prendre des otages." Rebelottes, la guerre en France. Et Macron que ferait-il ? Personne ne lui répond. Les gens écoutent mais font mine qu’il ne parle pas à eux. Je me dis "Quand Borne et Darmanin parle du risque d’importation du conflit en France, ils prennent au sérieux un marginal déséquilibré comme lui ?" Ils ont cru qu’à l’extrême gauche et à la LFI il n’y a que des gens en décalage de la réalité parlant tout seule à des fantômes ?

    Le type passe à la seconde. Il parle directement d’Israël, de son installation sur la Palestine. "Le peuple sans terre est venue prendre sa terre d’un autre peuple". Certes, difficile de dire mieux. "Les États-Unis et la France, ces enculés les ont fait s’installer là". Et si ils y ont réussis "c’est que nous les musulmans on est accueuillant". Essentialisation des camps, dichotomie bien et mal. La caricature qu’on connait. Orient et Occident ; bien et mal ; et inversement selon le point de vue ou qui parle. Mais la réalité historique et ses événements ne tracent pas deux camps ou concepts éternels, immuables. Ni les USA ni la France ne sont responsables de l’isntallation d’Israël sur la terre Palestinienne… Ce fut l’oeuvre et le désir de l’URSS, devenu Russie et associée aujourd’hui à l’Orient. Les bons et les méchants éternels, ça n’existe pas. Ce n’est que des relations et des intérêts qui définissent une entité bonne ou mauvaise. M’enfin, loin de taire son essentialisme, l’homme s’enfonce pour parler des Juifs "qui ont trahis Jésus Christ, le Prophète" ; " c’est les Juifs qui ont tué Jésus. Judas !" Le voilà suggérant un front unique de religions contre les Juifs qui portent la responsabilité d’une version de récit occidental de la mort sur la croix de Jésus… bon parce que le récit "oriental", c’est à dire musulman, ne dit pas que Jésus est mort sur la croix. Jésus n’a pas ressuscité non plus. Bon et puis faire porter la responsabilité d’un déicide par des ancêtres incertains… surtout quand c’est les Romains qui ont mis à mort Jésus et que les premiers disciples du Christ ont passé plusieurs décennies à continuer de se reconnaître "juifs" avant de s’en distinguer. Et on pourrait se tromper sur Judas. Jésus est venu sanctifier et exemplifier la nouvelle alliance entre Dieu et les humains. Il a affirmé bien avant son arrestation qu’il mourrerait pour racheter les péchés de l’humanité. Juda n’a-t-il pas été son plus grand serviteur en lui faisant réalisé sa destinée, en se sacrifiant lui-même, portant un fardeau d’une nature et d’un point bien différent de la croix du Christ ? Il s’est sacrifié pour son maitre dans la haine de tous ceux qui veulent puiser insipriatin auprès du prétendu fils de Dieu !

    Mais en attendant, dans ce bus, j’étouffe. Le type est de plus en plus bruyant en plus de radoter sur son propros religieux qui habille son antisémitisme. J’ai les symptômes d’une angoisse : palpitation cardiaque, respiration alletante. Quelqu’un presse le bouton d’appel pour le prochain arrêt. Dans ma tête je me résigne à descendre. Je ne peux pas rester à côté de ce type fou qui fantasme sur la guerre en France se débarasser des Juifs et de leurs soutiens !

    Arrêt "Les parapluies". Plein de personnes descendent. Auraient-elles eux la même idée que moi ? Mais c’est lui que je vois se retourner et se diriger vers la porte arrière. Finalement je reste dans le bus. Il est descendu aussi. L’atmosphère devient bien plus respirable. Mes voisins aussi changent d’attitude. Ils échanges quelques mots, pas en Français, que je ne comprends pas. On est sans doute encore loin. Mais je me sens tranquilisé.

    Une contrariété viendra cependant toucher les autres usager.e.s "Prochain arrêt le cimetière de Vincennes ; je prends à droite ici, suivant la déviation à cause des travaux jusqu’au 3 novembre." Là encore les gens ne réagissent pas tout de suite. Il fait un deuxième rappel. Un troisième est quelque part fait lors d’un échange sonore avec un type sorti : "Je suis obligé de prendre la déviation ; y a des travaux ; c’est pas moi qui suis responsable des travaux !" Beaucoup de monde descendent. Bref. Mais il est toujours terminus à Neuilly-sur-Marne. Je n’ai pas de raison de bouger. Et je profile du vide fait pour reprendre une place assise côté fenêtre.


  4. Sur la route

    Arrivant à un croisement, la voiture devant moi s’arrête, clignotant gauche allumé. Elle attend que le bus en sens inverse passe. Et on attend… on attend… même pour gérer les entrées/sorties de poussettes ou de fauteuils handicapés ce n’est pas aussi long. En sortant un peu la tête je me rends compte qu’en fait le conducteur du bus tape la causette avec un piéton qui est juste à sa fenêtre. Mais quel toupet ! Il y a un temps pour le boulot et un temps pour les copains ! Ça ne le gêne pas de nous monter en file d’attente comme ça ? Et ses passager.e.s ne se plaignent pas ? Il s’est mis en feu de détresse. Comme si ça justifiait de s’arrêter n’importe où n’importe comment. Certains s’achètent une conscience avec une drôle de signalétique.

    Un autre véhicule est arrêté devant mon précédesseur. Je me demandais pourquoi il n’avançait pas alors que lui ne voulait pas tourner à gauche. En fait c’est la voiture du mec qui s’est arrếté pour discuter ! Voyant la gêne il revient finalement à sa voiture ; doucement parce qu’il boite de la jambe gauche. Il se remet à rouler 2 ou 3 mètres à peine pour monter sur le trottoir. Mouai bon… c’est pas tip top comme solution. Mais, à mon grand plaisir, mon prédecesseur renonce à tourner à gauche. Je le suis en roulant sur la tôle détaché du bus gisant au milieu route. Le conducteur du premier véhicule, toujours prompt à se faire remarquer et à considérer la voirie comme son salon, s’allonge sur le trottoir. Une femme sort d’une voiture bleue derrière le bus pour lui apprendre la vie. Mon précesseur s’arrête, semble hésiter. Je suis tenté de lui faire des appels de phare : y a pleins de monde partout pour se plaindre. Deux de plus ou de moins à ce stade, aucune différence, alors autant passer son chemin plutôt que de perdre du temps à dire ce que tout le monde dira auprès d’une personne qui n’écoutera pas plus. La voiture réenclenche la première. Ouf ! On repart !


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