Retour réussi

Le lun. 22 janvier 2024

Mardi, dix-sept heure trois quart, quai du RER A, Gare de Lyon, Paris 12e.

Un quidam arrivant à ce moment ne verrait pas de différence avec un autre jour, à la même heure. L’écran d’affichage indique le prochain train pour Marne-la-Vallée dans 2 ou 3 minutes. Il alterne avec un train vers Boissy-Saint-Léger ; puis à nouveau Marne-la-Vallée ou Torcy. Mais ce dernier est déjà à un quart d’heure. Tout est normal sur ce quai, sauf cet affichage. Un bandeau d’information prioritaire défile en bas annonçant un bagage abandonnée à La Défense et provocant des ralentissement sur le l’ensemble de la ligne. Un problème, un quai pas plus fréquenté qu’à l’ordinaire, un train dans 3 minutes, avant le prochain avec une attente inhabituelle d’un quart d’heure. C’est le moment de ne pas rater la montée pour rentrer.

Comme toujours - et Gare de Lyon oblige - masse de gens sortent à ce moment des rames qui semblaient de l’extérieur être saturées. Les paliers se libèrent, les couloirs, des places assises éparpillées mais régulières. Les personnes s’engoufrant à la suite de la descente ont encore le choix de leur confort de trajet. Tout semble normal. Mais ici et là, un homme, une femme, échange un regard, semble s’interpeller de la tête pour regarder un écran d’information positionné plus loin. Est-ce pour confirmer le prochain arrêt ? Pour dire qu’ils sont dans la bonne direction ? Non. Ils notent une contradiction d’information entre les panneaus d’affichages sur le quai et les informations à l’intérieur du train, pas seulement sur les écrans, mais aussi sur les plans schématiques au dessus des portes dont les LEDs allumées tracent la branche de Boissy-Saint-Léger. Mais dans une incertitude, finalement un choix de croyance, de légitimité, ces personnes restent ancrées, dirigées parce ce qu’elles ont vu sur les quais.

Ce n’est qu’à Nation, tandis que des personnes rentrent déjà, que le conducteur prend la parole pour annoncer que contrairement à ce qu’indique l’affichage sur le quai "ce train a pour terminus Boissy-Saint-Léger". La croyance est retournée. Les gens se lèvent en masse ; quelques personnes restent ; une minorité sur le quai rentre.

Le quai est devenu très dense aux abords du train. Et ces gens attendent spécifiquement un train pour Marne-la-Vallée/Torcy. Qu’il est désagréable de se dire qu’ils devront attendre ; que ce quai va continuer à se remplir ; que le prochain train, du fait du ralentissement, sera encore plus dense… Le quai est tellement dense que le conducteur avertis au départ du train pour inviter les gens à s’éloigner. Il démarre ; lentement comme c’est d’usage dans ce genre de situation.

Arrivée à Vincennes, les rames se vident encore davantage. Quelques personnes restent, ayant bien noté précédemment qu’il s’agissait d’un train pour Boissy-Saint-Léger. Les autres sortent mais sans ce mouvement en file qui conduit aux escaliers et autres issus. Elles semblent tourner momentanément en rond. Soudain la voix du conducteur se fait entendre et indique qu’un point d’éclaircissement doit être fait sur son terminus. Les gens se regroupent devant les portes des rames, attentifs et attentistes à la prochaine annonce. 2 minutes. Le conducteur reprend la parole et indique le changement de destination du train qui ira finalement bien - tel qu’indiqué sur l’affichage en gare - au terminus de Marne-la-Vallée. Les groupes aux portes du train s’infiltrent alors dans les rames très rapidement. Dedans les usager.e.s qui étaient resté.e.s réalisent tout juste le changement de terminus. La sortie a contre-flot est laborieuse.

Les rames ne sont finalement pas plus pleine qu’à l’entrée dans la gare de Vincennes. La suite du voyage s’annonçait confortable pour ces persistant.e.s. Dire que pendant ce temps là, des centaines de personnes se collaient sur le quai à Nation, saturaient les rames des trains suivant qu’iles et elles devaient attendre plus longtemps que d’habitude en cette heure de pointe. Tous ces gens qui ont eu le tort de s’adapter à un changement, pour rentrer chez eux.

Je peux vous raconter tout ça parce que j’y étais. Tous les détails sont vrais. Maintenant vous vous demandez pourquoi je n’ai pas suivis les autres lors de la première annonce ? Parce que j’ai fais le parie que je pourrais vous raconter cette histoire là !

Par Le Scribouilleur, Catégorie : Nawak

Tags :